Prostatectomie totale

Votre urologue est disponible pour répondre à toutes vos questions. L’objectif de cette opération est d’extraire la prostate à cause d’un diagnostic de cancer.

Rappel anatomique

La prostate, une glande localisée sous la vessie et devant le rectum, est encerclée par l’urètre qui s’étend jusqu’au bout du pénis, facilitant ainsi l’élimination de l’urine. Elle se trouve près du système sphinctérien, responsable de la continence urinaire, et des nerfs impliqués dans l’érection. Les vésicules séminales, connectées directement à la prostate, servent de réservoir pour le sperme. La principale fonction de la prostate est de produire une partie du liquide séminal, qui, combiné aux spermatozoïdes provenant des testicules, forme le sperme, jouant un rôle crucial dans l’éjaculation. La testostérone, une hormone masculine, régule l’activité de la prostate.

Prostatectomie totale

La maladie

L’ablation complète de la prostate, ou prostatectomie totale, est recommandée pour traiter le cancer de la prostate. Ce type de cancer est le plus courant chez l’homme et cause environ 8 000 décès annuellement en France. Pour les cas où le cancer est confiné à la prostate, une option de traitement est la chirurgie radicale.

Existe-t-il d’autres options

D’autres options de traitement pour le cancer de la prostate localisé incluent la radiothérapie externe, la curiethérapie, la surveillance active, ou parfois, un traitement focal. Les bénéfices et les risques associés à l’option chirurgicale ont été détaillés par votre urologue. La décision de recourir à la chirurgie prend en considération l’âge du patient, son état de santé global et les spécificités du cancer.

Principe de l’intervention

Les résultats des biopsies prostatiques ont révélé la présence d’un cancer. Cette opération vise à retirer intégralement la prostate, car le cancer prostatique est multifocal, signifiant la présence de multiples foyers cancéreux à l’intérieur de la glande, ainsi que les vésicules séminales. Ne pas procéder à un traitement peut mener à la progression du cancer, tant au niveau local qu’à une propagation à distance sous forme de métastases, et ultimement, au décès.

Préparation spécifique à l’intervention

Chaque opération chirurgicale exige une préparation spécifique, adaptée aux besoins individuels. Il est crucial de respecter les instructions fournies par votre urologue et l’anesthésiste. Le non-respect de ces directives peut entraîner un report de l’opération. Un rendez-vous pré-anesthésique est requis quelques jours avant l’opération pour préparer le patient.

Les examens préopératoires doivent inclure :

  • Un test urinaire pour détecter et traiter toute infection urinaire présente avant l’opération. Une infection non traitée peut reporter l’intervention.
  • Des analyses sanguines pour évaluer la coagulation sanguine et la fonction rénale.

Il est nécessaire d’interrompre la prise de médicaments antiplaquettaires ou anticoagulants plusieurs jours avant l’intervention. Un antibiotique sera administré pendant l’opération conformément aux protocoles standards.

Généralement, aucune préparation spécifique du système digestif n’est requise. Toutefois, un lavement rectal peut être réalisé dans certaines situations.

Technique opératoire

La prostatectomie totale est effectuée sous anesthésie générale. La méthode chirurgicale employée dépend des préférences du chirurgien. Cette opération peut être réalisée via une incision sous l’ombilic pour une approche ouverte, ou bien à travers de petites incisions pour l’insertion de trocarts qui facilitent l’introduction des instruments chirurgicaux, dans le cas d’une coelioscopie qui peut également être assistée par robot.

Ablation de la prostate suture entre vessie et urètre

L’intégralité de la prostate et des vésicules séminales est enlevée durant l’opération. Pour reconnecter la vessie à l’urètre, une suture est réalisée en présence d’une sonde urinaire. Il est possible qu’un drain soit mis en place à la fin de l’intervention pour faciliter l’écoulement des fluides de la zone opérée. Parfois, un curage des ganglions lymphatiques, qui drainent la zone de la prostate, est effectué en même temps que la prostatectomie pour détecter une éventuelle propagation microscopique du cancer, ce qui pourrait influencer l’approche thérapeutique.

L’examen microscopique de la prostate est effectué par un anatomo-pathologiste qui détermine si le cancer est confiné à la prostate ou s’il s’est étendu au-delà, ainsi que l’état des ganglions lymphatiques retirés. Les conclusions de cette analyse sont communiquées à votre chirurgien après quelques jours.

Suites habituelles et informations générales

Suite à l’opération, un traitement antalgique est prescrit au besoin. La période d’hospitalisation est généralement brève et dépend du jugement du chirurgien. Le retrait du drain se fait habituellement dans les heures ou jours suivant la chirurgie.

Bien que la sonde urinaire soit généralement bien supportée, elle peut occasionnellement causer un certain inconfort. Le chirurgien détermine la durée du maintien de la sonde urinaire ainsi que celle de l’hospitalisation, et la sonde peut être retirée soit avant votre sortie de l’hôpital soit après.

Il est courant d’expérimenter des fuites urinaires au début, mais cette incontinence est majoritairement temporaire et s’améliore avec le temps. Une rééducation du plancher pelvien et du sphincter par physiothérapie peut s’avérer nécessaire.

Un traitement anticoagulant est prescrit post-hospitalisation pour minimiser le risque de thrombose veineuse profonde. Le port de bas de contention est recommandé pendant et après l’opération. Les soins à domicile incluent le traitement des cicatrices et les injections quotidiennes d’anticoagulants. Il est conseillé de boire abondamment tant que la sonde est en place et après son retrait si l’urine présente encore des traces de sang. Dans de rares cas, la formation de caillots peut causer une obstruction urinaire.

Lors de votre sortie de l’hôpital, des prescriptions pour des analyses supplémentaires nécessaires avant le rendez-vous de suivi vous seront fournies. Un courrier récapitulatif est envoyé à votre médecin généraliste pour l’informer de l’opération et de la suite des événements.

La convalescence et le moment approprié pour reprendre le travail ou les activités physiques dépendent de la méthode chirurgicale utilisée et de votre condition physique.

Précautions à la sortie de la structure de soins

Après votre sortie de l’hôpital, il est crucial de continuer le traitement anticoagulant pour éviter le risque de formation de caillots sanguins. Il est recommandé de porter des bas de contention pour au moins dix jours suivant l’opération.

Votre médecin généraliste a reçu un courrier résumant votre situation médicale et les détails de l’intervention.

Le temps nécessaire pour votre récupération et le moment où vous pourrez retourner au travail ou reprendre des activités physiques régulières dépendront de la technique chirurgicale employée et de votre condition physique.

Un rendez-vous postopératoire est fixé pour discuter des résultats de l’analyse de votre prostate, aborder les questions liées à la sexualité et à la rééducation de la continence urinaire si besoin.

Des consultations de suivi sont organisées pour s’assurer qu’il n’y a pas de réapparition du cancer, principalement à travers des analyses régulières du taux de PSA, pour évaluer les fonctions urinaires et sexuelles, ainsi que pour gérer tout effet secondaire potentiel.

Signes qui peuvent survenir et conduite à tenir

Prévention des thromboses et embolies pulmonaires

Le manque d’activité et la position allongée prolongée augmentent le risque de stase veineuse, pouvant mener à une thrombose veineuse profonde. Si vous ressentez une douleur dans la jambe, une sensation de lourdeur ou une réduction de la mobilité du mollet, consultez immédiatement un médecin. Pour prévenir ces risques, il est recommandé d’effectuer des exercices de contraction des mollets, de bouger les pieds, d’élever les jambes, et de porter des bas de contention comme prescrit par votre médecin. La survenue de douleur thoracique, de douleur latérale, de toux sèche ou d’essoufflement nécessite une consultation d’urgence, car cela pourrait indiquer une embolie pulmonaire.

Soins de la cicatrice

Après une chirurgie, les incisions requièrent une hygiène soignée pour éviter les infections. Toute rougeur, chaleur, ou gonflement doit être examiné par un professionnel. La cicatrisation prend plusieurs jours, pendant lesquels un léger saignement peut être contrôlé par compression. L’enlèvement des sutures ou agrafes est généralement effectué par un soignant à domicile.

Fièvre post-opératoire

Une fièvre suivant une prostatectomie n’est pas typique et exige une évaluation médicale pour une prise en charge appropriée.

Gestion de la sonde urinaire

La sonde est souvent retirée environ une semaine après l’opération. Bien que généralement bien tolérée, elle peut causer un inconfort nécessitant un traitement.

Si vous ressentez ou présentez :

  • Douleurs ou écoulement au niveau de la plaie : Suivez le traitement antidouleur prescrit. Contactez votre médecin pour des douleurs sévères ou persistantes.
  • Brûlures mictionnelles : Une légère douleur peut survenir; une aggravation nécessite un examen urinaire pour dépister une infection.
  • Sang dans l’urine : Il est conseillé de boire beaucoup et d’uriner fréquemment. Si le saignement s’intensifie, contactez votre médecin.
  • Difficultés à uriner : Un changement dans la force du jet urinaire peut survenir. Une détérioration nécessite un avis médical.
  • Fuites urinaires : Communes après le retrait de la sonde, elles diminuent généralement avec le temps. La kinésithérapie peut être utile pour les fuites persistantes.
  • Troubles sexuels : La fonction érectile peut revenir progressivement. Les difficultés érectiles sont abordées lors de la consultation post-opératoire.
  • Troubles digestifs : Un retour normal à la digestion peut prendre du temps. Des périodes sans selle sont normales, mais l’absence de gaz et des nausées/vomissements nécessitent une consultation urgente. Suivre une alimentation équilibrée et adéquate en protéines, et éviter les aliments irritants est conseillé pour faciliter la digestion.

Comment puis-je me laver ?

Une fois chez vous, la douche est autorisée immédiatement, mais il est recommandé d’attendre quinze jours avant de prendre un bain.

Puis-je faire du sport ?

Vous pouvez reprendre les activités sportives de façon progressive, après une période de repos variant entre quinze jours et un mois.

Puis-je conduire après l’intervention ?

La somnolence causée par certains analgésiques prescrits pour la douleur post-opératoire peut rendre la conduite inadéquate pour une certaine période.

Risques et complications

La plupart du temps, l’opération que nous envisageons pour vous se réalise sans encombre. Néanmoins, il est important de reconnaître que toute chirurgie implique certains risques et peut entraîner des complications, comme mentionné ci-après.

Des complications peuvent survenir en lien avec votre santé globale. Chaque chirurgie requiert l’utilisation d’une anesthésie, soit locale soit générale, et celle-ci présente ses propres risques. Ces derniers vous seront détaillés pendant votre rendez-vous préopératoire avec l’anesthésiste.

Il existe également des complications qui peuvent être directement associées à l’acte chirurgical lui-même. Bien qu’elles soient peu fréquentes, la possibilité qu’elles surviennent existe.

Les complications communes à toutes chirurgies

  • Infection, pouvant être à la fois localisée ou étendue
  • Saignements susceptibles de conduire à la formation d’un hématome et, dans certains cas, nécessiter une transfusion sanguine
  • Thrombose veineuse profonde et embolie pulmonaire
  • Réaction allergique

Les complications spécifiques à l’intervention sont par ordre de fréquence


Certaines complications peuvent survenir en lien avec l’état de santé général du patient et l’utilisation de l’anesthésie. Ces risques seront détaillés lors du rendez-vous pré-opératoire avec l’anesthésiste et/ou le chirurgien, étant inhérents à toute chirurgie.

Complications potentielles directement associées à l’opération incluent :

  • Incontinence Urinaire : Bien qu’assez courante juste après l’opération, elle tend à s’améliorer avec le temps pour la plupart des patients, grâce notamment à la rééducation périnéale. Une incontinence persistante nécessitant un traitement complémentaire est rare.
  • Troubles Sexuels : Bien que l’éjaculation soit absente après l’ablation de la prostate, l’orgasme reste possible. Les troubles de l’érection peuvent varier selon la préservation des nerfs et l’état préopératoire, et malgré les avancées chirurgicales, la fonction érectile n’est pas toujours garantie. Des solutions médicamenteuses ou chirurgicales peuvent être envisagées pour aider à la récupération.
  • Hémorragie : Peut requérir une transfusion.
  • Infection Urinaire : Généralement traitée par antibiotiques.
  • Écoulement ou Hématome au Niveau de la Plaie : Se résout habituellement avec des soins locaux et nécessite rarement une nouvelle intervention.
  • Fuite Urinaire par le Drain : Souvent résolue par un drainage prolongé.
  • Collection Pelvienne (Lymphocèle) : Rarement, une réintervention est nécessaire.
  • Plaie du Rectum : Réparée immédiatement; dans certains cas, un anus artificiel temporaire peut être nécessaire.
  • Rétrécissement de l’Anastomose : Peut nécessiter une intervention endoscopique ou chirurgicale pour être corrigé.
  • Complications Plus Tardives : Telles que l’éventration abdominale, hernie inguinale, rétention urinaire, ou lymphocèle nécessitant parfois une intervention chirurgicale.

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